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CAUSERIES DU LUNDI.

exemplaires qui ont passé en vente publique ont été adjugés, l’un à 48 francs et l’autre à 52. M. de Laborde se propose de faire réimprimer l’ouvrage, et de tirer de cet appendice, d’abord destiné aux seuls bibliophiles et dont ils se montrent si friands, tout ce qui est réellement signiticatif, à la fois piquant et convenable, pour l’offrir à cette portion plus considérable du public à laquelle il faut toujours penser. C’est un dessein dans lequel nous l’encourageons fort ; en attendant, nous dirons quelque chose de son livre et de ses idées.

L’idée positive et la conclusion pratique de M. de Laborde est celle-ci : « Que le Palais Mazarin est en lui-même un monument historique très-digne d’être conservé, que la Bibliothèque y est bien placée, mieux qu’elle ne le serait ailleurs, et qu’il faut l’y laisser, sauf à réparer, à améliorer l’édifice au dedans, et à le restaurer, à l’orner au dehors, pour qu’il n’attriste pas le brillant quartier qui le possède. » Cette conclusion de M. de Laborde est aussi celle qu’exprimait M. Vitet dans un Rapport à l’Assemblée législative du 8 août 1849. Ce n’est pas ce côté pratique de la question qui m’occupera ici, d’autant qu’il me semble que c’est cause gagnée pour le moment.

Je ne veux insister que sur quelques-unes des vues de M. de Laborde, ou, pour mieux dire, sur sa vue principale en ce qui touche à l’histoire de ces temps qu’il a étudiés de si près. Cette Lettre sur le Palais Mazarin pourrait aussi bien s’appeler un jugement, une apologie ou un éloge du cardinal Mazarin, une réfutation du cardinal de Retz et de tous les adversaires du premier ministre. Depuis que Gabriel Naudé avait pris la plume pour le défendre, le cardinal Mazarin n’avait jamais été si bien ni si complètement défendu. Cela vaut la peine qu’on s’y arrête, pour examiner la valeur d’un tel juge-