cette correspondance familière, je retrouve, comme dans tout Fénelon, quelque chose de gai, de court, de vif, de lent, d’aisé, d’insinuant et d’enchanteur.
Parmi les plaisanteries qu’on y rencontre, il en est quelques-unes qui ont trait à la querelle des Anciens et des Modernes, laquelle était alors flagrante au sein de l’Académie et qui se rallumait de plus belle, précisément quand la paix se signait en Europe. La Motte, ami du chevalier Destouches, venait de traduire, de travestir l’Iliade d’Homère, et il l’envoyait à Fénelon, en lui demandant son avis. Fénelon ici fut un peu faible. Invoqué pour juge et pour arbitre des deux parts, il éluda. Il pensait qu’en ces matières qui n’intéressent point le salut de l’État, On peut être plus coulant que dans d’autres, et incliner vers la politesse. Il répondit à La Motte par des compliments et des louanges, sans vouloir se prononcer sur le fond ; il s’en tira par un vers de Virgile, qui laisse la victoire indécise entre deux bergers : Et vitula tu dignus, et hic… La victoire indécise entre La Motte et Homère ! Et c’est Fénelon, le traducteur, le continuateur de l’Odyssée, le père du Télémaque, qui parle ainsi ! Est-il bien possible de pousser à ce point la tolérance ? Évidemment Fénelon n’avait pas cette irritabilité de bon sens et de raison qui fait dire Non avec véhémence, cette faculté droite et prompte, même un peu brusque, que Despréaux portait en littérature, et Bossuet en théologie. Nous retrouvons encore ici un côté faible.
À chacun sa gloire et ses ombres. On peut prendre Fénelon en défaut sur quelques points. Bossuet, en théologie, l’a poussé rudement. Je le trouve également réfuté, gourmandé avec force, à propos de ses Dialogues sur l’Éloquence et de quelques assertions hasardées sur les orateurs anciens, par un homme instruit, un esprit rigoureux et nullement méprisable, également adversaire