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Lundi 26 août 1850.

L’ABBÉ  GALIANI.

En parlant, il y a quelque temps, de Mme  d’Épinay, j’ai été conduit vers l’abbé Galiani, avec qui cette dame entretint une Correspondance pendant les douze dernières années de sa vie. L’abbé Galiani est une des figures les plus vives, les plus originales et les plus gaies du xviiie siècle ; il a écrit bon nombre de ses ouvrages en français ; il appartient à notre littérature autant qu’aucun étranger naturalisé chez nous, presque autant qu’Hamilton lui-même. Mais, en même temps qu’il entra si bien dans les idées et dans les goûts de la société française, il sut garder son air, sa physionomie, son geste, et aussi une indépendance de pensées qui l’empêcha d’abonder dans aucun des lieux-communs du moment. Il se piquait d’avoir une manière d’envisager les choses qui lui était propre, et il l’avait en effet, il ne voyait pas comme un autre. Le xviiie siècle, jugé dans l’abbé Galiani, nous revient par des aspects tout nouveaux.

L’abbé Ferdinand Galiani, né dans le royaume de Naples le 2 décembre 1728, élevé à Naples auprès d’un oncle avchevêque, y avait développé les dispositions les plus précoces pour les Lettres et pour toute espèce de science ; mais, au physique, il ne put jamais s’élever au-dessus de la taille de quatre pieds et demi. Dans ce