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Page:Sainte-Beuve - Causeries du lundi, II, 5e éd.djvu/54

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Lundi 22 avril 1850.

PLINE  LE  NATURALISTE.
HISTOIRE NATURELLE, TRADUITE PAR M. E. LITTRÉ.

Il y a déjà longtemps que j’ai envie, ne fût-ce que par variété, de parler une fois d’un ancien, et je n’ose. Ce n’est pas que les sujets manquent. J’ai là sur mon bureau des livres qui sont fort dignes qu’on s’en occupe et qu’on les recommande aux lecteurs studieux : et, par exemple, un Essai sur l’Histoire de la Critique chez les Grecs, dans lequel M. Egger a rassemblé avec science, avec esprit, toutes les notions curieuses qu’on peut désirer sur les critiques, les rhéteurs, les grammairiens de l’antiquité avant et depuis Aristote. Le centre, le corps principal du travail est Aristote lui-même et sa Poétique traduite, commentée, cette Poétique que tant de gens hier invoquaient encore et que si peu ont lue. Mais, pour aborder convenablement les anciens, il faut des préparations singulières. Machiavel, en des années de disgrâce où il se voyait forcément mêlé à une vie vulgaire, ne les lisait qu’à une certaine heure du jour, et après avoir fait sa toilette comme pour se rendre digne de les approcher. Et puis, ce n’est pas, tout de les approcher ; si l’on veut encore les présenter et les faire agréer aux autres à quel degré de familiarité ne faut-il pas les posséder ? Pour y rendre attentifs les hommes de notre temps, si occupés à bon droit de leurs affaires, de leurs