Mais M. Évariste Boulay-Paty, en publiant avec luxe ses Sonnets (1851) au nombre de trois cent trente-huit, dont il n’est pas un seul qui ne soit ciselé avec amour et avec une curiosité infinie, tient aujourd’hui la palme du genre. Dans un tableau complet de la poésie en 1852, il y aurait, comme au temps de Guillaume Colletet, un chapitre essentiel à écrire : Du Sonnet.
Vous qui vivez dans le monde des faits, dans celui de l’histoire et de la politique, vous croyez peut-être qu’on ne tourne plus depuis longtemps de rondeaux ni de triolets; vous n’êtes pas au courant de la civilisation poétique du jour. On en fait, on en refait, et de fort jolis, je vous jure. Un des plus habiles ciseleurs en ce genre est M. Auguste Desplaces, auteur d’un recueil intitulé la Couronne d’Ophélie (1845), et l’un des gracieux poëtes-bergers que M. Arsène Houssaye, le plus aimable de tous, rassemblait sous sa houlette dans son journal de l’Artiste, et auxquels la nouvelle Revue de Paris vient de rendre un asile.
Je n’ai pas de ces larges ailes
Qui planent sur un monde entier ;
Mon domaine est un frais sentier,
Mes astres sont des étincelles,
dit M. Auguste Desplaces en commençant, et il est
fidèle à son dire. Dans ses pièces plus développées,
parmi lesquelles on remarque l’Hymne à la Jeunesse, il
a de la distinction toujours, de la grâce, mais une grâce
un peu artificielle, un peu roide et cassante, si l’on peut
ainsi parler : là est le défaut. « Son talent est comme le
bois de santal, sec et odorant, » a dit de lui un ami.
M. N. Martin, auteur d’Une Gerbe (1850), et l’un des poètes aussi du groupe de M. Arsène Houssaye, mêle à son inspiration française une veine de poésie allemande ; il a un sentiment domestique et naturel qui lui est fami-