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Page:Sainte-Beuve - Causeries du lundi, VII, 1853.djvu/304

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à jour cette forme de bel-esprit plus sérieuse, et pour faire opposition, par son exemple, à des Fontenelle bien autrement prépondérants. Après Necker et son école, il nous a donc manqué un Voltaire. Mais comme le génie d’une nation, à la longue, l’emporte toujours, il s’est trouvé que, peu à peu, le simple usage a ramené la netteté et a rétabli le courant. Plusieurs de ces écrivains, assez doctrinaires d’abord, se sont guéris d’eux-mêmes en continuant d’écrire et en corrigeant leur premier style par l’habitude de la parole. On peut dire que l’esprit français a fait insensiblement l’office d’un Voltaire universel, qui a eu raison, à la fin, du savant défaut dont il s’agit. La langue est bien loin d’être en sûreté, sans doute ; mais le péril pour elle n’est plus de ce côté.