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CORRESPONDANCE

Je n’ai pas à m’inquiéter de ce qu’elle a coûté ; mais je doute qu’on se soit servi d’e1le comme on aurait pu le faire, si une pensée commune et centrale avait présidé à ce département de l’esprit public et des lettres si essentiel dans tout gouvernement. Ce sensorium commune, comme disent les philosophes, qui a trop manqué jusqu’ici dans le ministère, Votre Excellence me pardonnera, si je pense qu’il est créé depuis quelque temps : c’est du moins tout mon désir.

Aujourd’hui donc, cette même Revue, telle quelle, escortée et doublée d’une autre petite Revue plus populaire que le directeur a eu l’idée d’y adjoindre, croit devoir faire appel à Votre Excellence ainsi qu’à M. le ministre de l’intérieur ; et je me permets ici de vous dire à vous-même, monsieur le ministre d’État, ce que je dirais également à M. le ministre de l’intérieur, si j’avais l’honneur de le rencontrer.

Je n’ai ni le droit ni le désir de me mêler en rien des voies et moyens qui sont choses de gouvernement ; mais je suis assuré que tout le monde y gagnerait, si les personnes de haute intelligence auxquelles on s’adresse voulaient bien accorder quelques minutes tous les quinze jours à cette Revue, faciliter les communications, enfin s’en occuper et de vive voix donner des idées d’articles, avoir l’œi1 aux chroniques politiques… Le public s’en apercevrait vite, et le personnel de ces Revues, l’équipage qui se sent négligé prendrait courage et trouverait du zèle, sentant que l’attention d’en haut est sur lui.

Encore une fois, veuillez m’excuser, monsieur le ministre, de mon intervention un peu verbeuse, et agréez l’assurance de mes sentiments de respect et de dévouement.