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V




Il est des réflexions qu’il est triste de faire, qu’il est pénible de s’avouer.

Je voudrais que, dans ce que je vais dire, il n’y eût rien de blessant, rien qui sentît l’irritation ; c’est bien assez de la tristesse.

Vous êtes-vous jamais demandé ce que devient pendant des mois un cœur ardent, malade, fatigué, tel que (sans plus le définir) vous connaissez le mien, — ce que devient ce cœur livré à lui-même, sans espoir, sans consolation, dans la solitude, et à quels excès il peut se porter, au point de se consumer, de s’user, de s’altérer et de s’aliéner ? À quels excès,