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Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1881.djvu/78

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en présence de mon mal sans illusion. Je n’attends ni n’espère rien, je ne désire même rien ; car, n’ayant pu créer en vous le sentiment que j’aurais voulu et qui aurait entraîné, je connais assez votre situation et votre nature pour ne pas désirer ce qu’il faudrait (en supposant qu’on pût jamais l’obtenir), ce qu’il faudrait, dis-je, arracher violemment, et ce qui rendrait malheureuse celle qui ne me paraît capable ni d’abandon ni d’oubli. — Je me retrouve donc seul, sans illusion, et je lutte à nu et à cru avec ma morsure : qu’y a-t-il d’étonnant que je ne trouve point de paroles pour vous ? Je me tourne et me retourne sur le flanc, appuyant sur mon mal et me demandant s’il n’y a pas de moyen de guérir et d’échapper. Cela devient vite mon idée fixe.

Les sentiments naturels ont un cours que vous semblez méconnaître. Après les fleurs, les fruits. Vous voulez toujours des