Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1881.djvu/82

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je vous ai dit là-bas est vrai : il vous devient comme nécessaire de temps en temps de défaire la trame, de la laisser se défaire un peu, afin qu’on puisse recommencer toujours, et s’arrêter toujours au même point ; sans quoi, on courrait risque d’avancer, sinon de l’achever. De là ces petites rigueurs, ces froideurs non pas calculées, mais indiquées et nécessaires, ces épouvantements de la moindre parole un peu franche et libre sur de certains sujets, quoique vous ayez déjà entendu la même chose cent fois ; de là, enfin, ces lettres aimables qui arrivent à temps, tout ce qu’il faut pour empêcher de se décourager, sans toutefois donner de l’espoir. On traite ainsi les prisonniers qu’on veut conserver pour un certain temps ; on leur donne juste assez de nourriture pour qu’ils ne meurent pas.

Chère madame, j’ai bien pris ma part dans ce que vous avez dit sur le plaisir de