Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1921.djvu/124

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On l’eût crue indifférente de nature, quand seulement elle était indifférente aux riens, et qu’elle attendait. Elle ne vit point Racine et n’eut point ses leçons pour Esther : il était mort qu’elle naissait à peine. Mais les traditions du tendre instituteur s’étaient transmises ; elle vit jouer ses pièces sacrées, elle y eut son rôle peut-être ; elle dut néanmoins peu réussir à ces jeux, comme si elle se réservait pour les affections sérieuses.

Un voile couvrait sa voix ; un voile couvrait son âme et ses yeux et toutes ses beautés, jusqu’à ce que vînt l’heure. Sa vie devait être comme ces vallées presque closes, où le soleil ne paraît que lorsqu’il est déjà ardent, et sur les onze heures du matin. Pour ses sentiments, comme pour ses agréments, il y avait eu peu de signes