Page:Sainte-Beuve - Le Clou d’or, 1921.djvu/186

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vue de cette grille de bois, étaient bien loin de s’y trouver accoutumées par leur vie antérieure. La baronne M…, veuve d’un chef d’escadron mort en 1815 de chagrin et de fatigue après les désastres des Cent-Jours, était Allemande de naissance. Rencontrée à Lintz, aimée et enlevée de son gré par M. M…, alors lieutenant sous Moreau, elle s’était brouillée pour la vie avec sa très noble famille, et avait suivi partout son mari dans les diverses contrées. Sa fille, née en Suisse, dans le frais Appenzel, avait plus tard doré son enfance au soleil d’Espagne. Cette jeune personne qui avait atteint dix-huit ans faisait l’unique soin de sa mère. À la mort de M. M…, sans fortune, sans pension, la fière et noble veuve avait vécu, durant deux années, de