Aller au contenu

Page:Sainte-Beuve - Les Cahiers, 1876.djvu/60

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

laquelle l’organisation se livre à un travail profond e réparation sur elle-même. La conditionpour que cette réparation soit aussi complte que possible, c’est qu’il n’y ait aucune distraction au dehors : la vie de relation et celle d’intelligence doivent être totalement suspendues. Les fonctions animales elles-mêmes sont ralenties. Si le sommeil pouvait être suffisamment profond et prolongé, il rendrait chaque fois la jeunesse ; chaque matinée serait une parfaite jeunesse. Toute cette fatigue, qui est inséparable de l’exercice de la vie, aurait disparu. Mais il n’en saurait êre ainsi que pour Apollon et les dieux de l’antique Olympe. La fatigue humaine n’est, pour ainsi dire, purgée qu’incomplétement par le sommeil ; il en reste nécessairement, il s’en accumule dans chaque organe ; elle s’y fixe, et en s’y fixant les vieillit. Cela augmente avec les ans, et en même temps le sommeil, le grand réparateur, diminue ; de moins en moins il répare. On se réveille presque aussi fatigué qu’on s’était endormi.