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LETTRES

opéré sur votre santé, comme il semble avoir fait depuis hier sur toute la nature.

J’ai vu hier (car on est amenée irrésistiblement, quand on a l’honneur de vous écrire, à parler de bienfaits passés ou futurs), j’ai vu ce brave Duveyrier malade et, je le crains, atteint. Son fils, âgé de vingt-quatre ans ou vingt-cinq au plus, est un charmant garçon qui se trouve sans carrière. À dix-neuf ans, il a médité un grand voyage dans l’intérieur de l’Afrique, dans une contrée inexplorée : les Touâreg. Il a exécuté ce voyage périlleux ; il en a rapporté un volume d’observations exactes sur le climat, les mœurs, les ressources de ce pays[1]. À la suite de ce voyage, des chefs touâreg sont venus à Paris. Lui-même, le jeune Duveyrier, a été décoré de la Légion d’honneur à l’âge de vingt-deux ans. Il a bonne conduite, zèle, ardeur, modestie. C’est un jeune sujet à placer, à diriger dans une voie où il puisse être utile a son pays. Mais comment persuader cela à un ministre ? Il n’y a qu’une personne qui ait ce don de persuasion et

  1. M. Sainte-Beuve a écrit un article sur ce volume (Nouveaux Lundis, tome IX).