Page:Sainte-Beuve - Lettres à la princesse.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
258
LETTRES


CLXXXVIIII

Ce 12, mercredi.
Princesse,

Merci, merci de tant de bonne attention !

J’ai eu hier deux bonnes nouvelles : la première est que je ne suis pas l’acquéreur de la maison (c’eût été un fardeau) ; la seconde, c’est que l’acquéreur est celui qui me désire pour locataire à ma convenance, de sorte que je jouirai d’une entière tranquillité et de plus d’espace. La petite maison a laquelle il m’eût été si pénible de renoncer[1], après tout ce qui me l’avait rendue

  1. M. Sainte-Beuve, qui avait redouté un moment l’expropriation pour sa maison de la rue Mont-Parnasse, se trouvait en face d’un autre péril à conjurer. Une maison à côté de la sienne, et tout à fait mitoyenne, était devenue vacante par suite de la mort de la propriétaire. M. Sainte-Beuve craignait que de nouveaux locataires bruyants ne vinssent le forcer à renoncer à son cabinet de travail, dont il avait l’habitude depuis tant d’années. Pour assurer sa tranquillité jusqu’à la fin, il eut un instant l’idée d’acheter cette maison voisine ; mais il s’en tint à n’en être que le locataire, et c’est alors que s’ouvrit ce salon dont on a fait une description si fastueuse et purement fantastique.