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LETTRES

J’ai bien souffert moralement de ces paroles imprudentes arrachées au plus joufflu des orateurs[1]. Quoi ! l’empereur ne pourra-t-il trouver des interprètes vrais et sûrs de sa politique ?

Toute cette lettre sent le malade, Princesse, et l’homme irrité, — l’homme attristé surtout

    lier de quatrième ! Ils ont gardé du cuistre, ils n’ont rien pris des muses. » (Extrait d’une lettre de M. Sainte-Beuve sur le même sujet.)

  1. M. Rouher, dans la discussion au Corps législatif sur les affaires de Rome (4 et 5 décembre 1867). — M. Sainte-Beuve écrivait, dans le même temps, à un correspondant de Genève : « (8 décembre 1867). Eh bien, voilà le gouvernement parlementaire en pleine fonction. Vous êtes contents, messieurs ? Ce que j’admire une fois de plus, c’est comme notre nation est une nation de montre, de spectacle, d’émotion dramatique. Ils sont tous, même les chroniqueurs libéraux…, à s’émerveiller sur l’effet et les péripéties de cette séance du 5, où l’on a vu M. Rouher s’engageant graduellement jusqu’à dépasser le but, traîné à la remorque par deux acolytes imprévus, M. Thiers et M. Berryer, et en venant à laisser échapper, du haut de la tribune, ce fameux mot Jamais ! qui a toujours porté malheur à ceux qui l’ont proféré. Ces messieurs, spectateurs privilégiés de la séance, sont tout heureux de vous faire assister à ce bête de triomphe de M. Chesnelong : ils oublient le fond et le fait, qui est ce misérable pouvoir temporel, une dernière honte de la civilisation, et ils ne voient qu’une des scènes accidentées de l’éloquence parlementaire, objet littéraire de leur culte… »