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Page:Sainte-Beuve - Notice sur M. Littré, 1863.djvu/8

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notice

et le présenter au public tel que je l’ai vu constamment et que me le peignent les hommes qui l’ont le plus cultivé et qui l’ont suivi de plus près.

I

sa naissance. — ses parents. — ses études. — première carrière. — premiers écrits.

Maximilien-Paul-Émile Littré, né à Paris le 1er février 1801, fut élevé par des parents d’une moralité forte, sévère et profonde ; il reçut une éducation domestique qui eut sur lui la plus grande influence et qui le marqua à jamais. Son père, en particulier, mérite qu’on s’arrête à le ressaisir et à le considérer.

C’était un Normand, d’Avranches, fils d’un orfèvre ; il avait reçu une certaine éducation et était déjà en mesure d’en profiter, lorsque, s’ennuyant de la maison paternelle où il avait une belle-mère avec laquelle il ne s’accordait pas, il alla chercher fortune à Paris. Là, informé que son père était dans la gêne, il s’engagea dans l’artillerie de marine, et envoya à Avranches le prix de son engagement. Il fut canonnier de marine pendant des années et parvint au grade de sergent-major[1].

  1. Dans un sanglant combat, livré en vue de l’Ile-de-France par la Cybèle de 44 canons à un vaisseau anglais de 50, et où l’Anglais eut le dessous, la conduite du sergent-major Littré fut tellement remarquée que l’Assemblée coloniale lui décerna un sabre d’honneur.