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NOUVEAUX LUNDIS.

prêcha les premières fois dans la chapelle du collège Stanislas, quelques amis et hommes de lettres qui l’entendirent n’augurèrent pas beaucoup d’abord de son éloquence, et l’on m’a nommé comme étant de ces premiers auditeurs. C’est inexact en ce qui me concerne, et je n’ai entendu l’abbé Lacordaire en chaire qu’assez longtemps après et quand son éloquence ne faisait question pour personne. »


LETTRE À M. WILLIAM REYMOND
Sur le caractère de l’École romantique française.

M. William Reymond, ancien bibliothécaire de l’Académie de Lausanne, ayant publié à Berlin en 1864, sous le titre de Corneille, Shakspeare et Gœthe, une Étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle, voulut bien me demander de lui écrire une Lettre qu’il pût joindre à son livre en manière de Préface. Je lui répondis :

« Mon cher Monsieur,

« Vous me demandez de vous adresser quelques considérations à l’occasion du livre que vous imprimez en ce moment et que vous m’avez permis de lire à l’avance. Le temps me manque pour développer ce qu’on appelle des considérations, et je ne pourrai que vous exprimer en bien peu de mots mon approbation pour votre consciencieux travail et y joindre quelques remarques de détail sur deux ou trois points.

« J’estime qu’il est très-utile de faire ce que vous avez entrepris, c’est-à-dire de chercher à mesurer et à évaluer avec précision les effets de l’influence germanique sur notre rénovation littéraire et poétique du XIXe siècle. Il était bon que cette rénovation littéraire fût considérée non plus de chez nous et du centre, mais du dehors et d’au delà du Rhin,