Page:Sainte-Beuve - Nouveaux lundis, tome 2.djvu/32

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tait depuis distingué à la guerre et y serait probablement arrivé jusqu’aux emplois les plus considérables., s’il n’avait rencontré en chemin l’inimitié de Louvois, qui lui barra tout avancement. Devant un tel obstacle, il dut se détourner et se rejeta sur la carrière diplomatique, que lui ouvrait l’amitié de M. de Lyonne. Il débuta par des missions secondaires en Allemagne et en Italie. Envoyé une première fois en Espagne (1672-1673) en qualité d’ambassadeur extraordinaire, il y retourna en cette même qualité au mois d’août 1679, et y demeura jusqu’en 1681. C’est le récit, malheureusement inachevé, de ce second séjour en Espagne, qu’on vient de publier.

Sa femme, Mlle de Bellefonds, sœur du maréchal de ce nom, l’un des militaires les plus opposés aux réformes et règlements de Louvois, et que ce ministre dut briser, était une personne du meilleur esprit et du plus fin. Elle avait été fort jolie dans sa jeunesse et aimait tendrement son mari. Elle était de la société particulière de Mme de La Fayette, de M. de La Rochefoucauld, de Mme de Sévigné, de Mme de Coulanges. Les lettres qu’elle écrivait à cette dernière, pendant son voyage d’Espagne, étaient lues de tout ce monde délicat on se les montrait discrètement, et Mme de Sévigné les goûtait fort « Ce sont, disait-elle à sa fille, des relations qui font la joie de beaucoup de personnes. M. de La Rochefoucauld en est curieux Mme de Vins et moi, nous en attrapons ce que nous pouvons. » Mme de Villars avait un premier mérite auprès de Mme de Sévigné, c’était d’admirer beaucoup Mme de Grignan. Mais les lettres en elles-