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NOUVEAUX LUNDIS

tamé que par les bords. M. Biot, géomètre et physicien des plus distingués, nous échappe par ces spects principaux. J’ai dû cependant me faire une*première idée du savant si considérable, avant de me prendre à l’écrivain, et j’ai recueilli les témoignages.

Les hommes compétents auxquels je me suis adressé se sont généralement accordés à me représenter M. Biot comme un savant doué au plus haut degré de toutes les qualités de curiosité, de finesse, de pénétration, d’exactitude, d’analyse ingénieuse, de méthode et de clarté, de toutes les qualités enfin essentielles et secondaires, hormis une seule, le génie, je veux dire l’originalité et l’invention. Succédant à la génération puissante et féconde des Lagrange, des Laplace, des Monge, venant aussitôt après en tête, des générations qui comptèrent avec honneur dans leurs rangs les Poisson, les Malus, les Gay-Lussac, les Ampère, les f>oinsot, les Cauchy, les Fresnel, les Arago, il embrassa par l’étendue et la curiosité de son esprit la totalité des connaissances et des découvertes de ses devanciers et de ses contemporains il prit une part active, incessante, à tous les travaux de la science de son temps par ses recherches, par ses perfectionnements, par ses applications et ses allées et venues fréquentes d’une branche à l’autre, par ses remarques diverses, multipliées, et ses additions successives, par ses exposés et ses traités généraux que distinguent la netteté et même l’élégance ; mais il inventa peu, moins qu’aucun de tous ceux que je viens de nommer, et dont quelques-uns n’étaient peut-être pas appréciés par lui à leur iuste valeur. En un mot,