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Lundi 11 août 1862.


SOUVENIRS DE SOIXANTE ANNÉES
par
M. ÉTIENNE-JEAN DELÉCLUZE.

(suite et fin.)


Nous avons tous un faible ou un travers, et ce travers originel, très-sensible dans notre personne, se reproduit dans nos écrits, mais n’y est pas également visible pour tous. C’est comme une veine délicate qui peut être confondue avec d’autres par un œil inattentif et neuf, mais à laquelle celui qui nous connaît de vieille date ne se trompe pas. Une fois avertis, et la veine à peine indiquée par un doigt rapide, tout le monde la voit et la reconnaît aussitôt.

Ainsi pour M. Delécluze ou pour Étienne. Il y aurait à faire de lui, sous ce dernier nom, un double portrait à la La Bruyère, ou plutôt un seul et même portrait avec variante : Étienne ou l’homme content de lui, — Étienne