Page:Sainte-Beuve - Nouveaux lundis, tome 5.djvu/122

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session de toute sa force, mais pressentant qu’elle pourrait bien faiblir un jour et lui échapper, il se lance à fond de train, se déploie, "s’abandonne avec fureur et sans plus de réserve comme s’il voulait s’épuiser et laisser son âme dans son œuvre : c’est le moment décisif, c’est celui qui, dans une grande bataille rangée, décide et achève la victoire. Ce moment est difficile a distinguer et à fixer dans la carrière d’Horace, de tout temps si engagé et si lancé ; mais s’il fallait y mettre une date, nous le rapporterions à ces aimées de 18Lili-18116, où il fit la Smalah et la Bataille cllsly. Il avait flaire ce vaste et attrayant sujet de la Smalah dès son voyage de Russie ; il avait henni à cette nouvelle comme le coursier au clairon 1 « Oui, oui, écrivait-il de Pétersbourg (23 juin 18113), oui, voila un tableau à faire, mais il faudrait l’avoir vu pour représenter un tel fait d’armes ; car ça devait avoir un caractère tout particulier. Cependant, avec un bon récit, on pourrait s’en tirer. n Il s’en tira, comme on sait ; il en fit son champ de Mars en longueur, un tableau unique de dimension et Œapparence, comme il ne s’en était pas vu encore, moins un tableau sans doute qu’un panorama, une suite de bas-reliefs, d’épisodes animés et vivants.

Mais, peu r la Bataille d’Isly, un autre voyage d’Afrique

lui parut nécessaire. Il partit de Marseille au mois de mars 18h5 et alla droit à Oran, de là à Tlemcen. Son premier objet était de visiter le terrain, le champ de bataille même, ce qui ne laissait pas d’offrir quelques difficultés ; au retour de cette excursion, il écrivait :