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LIVRE DEUXIÈME.

tacle, Jean de Wert répondit qu’il trouvait tout cela très beau, mais que ce qu’il trouvait le plus étonnant, c’était, dans le royaume très-chrétien, de voir les Évêques à la Comédie, et les Saints en prison. Le mot courut. Le Cardinal fit semblant de ne pas entendre.

Comme si tout ne devait être que contraste, l’auteur du Ballet représenté était ce Des Marestz qui, plus tard converti, se mit à la chasse des solitaires et des confesseurs de Port-Royal, et, par ses pamphlets comme par ses espions, ne cessa de les relancer.

Mais le plus grand coup de la direction de M. de Saint-Cyran durant sa prison, celui qui tira le plus à conséquence et à éclat presque aussitôt, ce fut la conversion d’Antoine Arnauld, qui dès lors postulait le bonnet en Sorbonne. — Antoine Arnauld, né le 8 février 1612, était le plus jeune des dix enfants survivants de M. Arnauld l’avocat : il est resté le plus illustre. Maintenant que, par lui, nous tenons la famille au complet, récapitulons un peu. C’est le cas d’ailleurs de dénombrer, comme quand le chef arrive, à la veille d’un combat.
Il avait six sœurs religieuses :
L’aînée, madame Le Maître, née en 1590 ;
La mère Angélique, née en 1591 ;
La mère Agnès, née en 1593 ;
La sœur Anne-Eugénie, née en 1594 ;
La sœur Marie-Claire, née en 1600 ;
La sœur Madeleine Sainte-Christine, née en 1607.
Il avait trois frères :
M. d’Andilly, l’aîné de toute la famille, né en 1588, c’est-à-dire de vingt-quatre ans plus âgé qu’Antoine ;
M. l’abbé de Saint-Nicolas, qui devint évêque d’Angers, né en 1597 ;
Simon Arnauld, né en 1603.
Ce dernier, le seul qui n’eut pas le temps de se dégager du monde, était lieutenant de la mestre-de-camp