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PORT-ROYAL.

dérider l’étude et qui chantait le désert. Ce pourrait être, à la rigueur, de saint Paulin ou de quelque autre de cet âge. À propos des obstacles qui entravent les premières résolutions austères, on y lit :

......................... Intus et extra
Insurgunt hostes varii ; phantasia nugax
Distrahit ; illectans patriae vox verberat auras ;
Succensent chari, famam minitantur iniquam ;
Indomitus latrat contra jejunia venter ;
Saepe favent oculi somno, lacrymasque recusant
Optatas precibus ; nescit quoque lingua silere.

..........................................

[1]

Lorsque M. Pallu s’en vint loger à Port-Royal, sur la fin d’octobre 1643, il ne trouva d’abord pour compagnons que MM. Le Maître et de Séricourt, M. de Bascle et M. de Luzanci, ce fils de M. d’Andilly, que l’exemple de ses cousins avait pris au cœur et qui devançait son père dans cette solitude. M. Pallu fit le cinquième ermite, et fut le premier des médecins-solitaires de Port-Royal ; il y eut depuis un M. Moreau chirurgien, surtout M. Hamon, et plus tard, parmi les médecins-amis, MM. Dodart et Hecquet. M. Pallu mourut après six ans et demi de retraite, en mai 1650.

Vers le temps de cette conversion, ou même un peu auparavant, avait eu lieu celle de la famille Du Fossé, toute une conquête très considérable. M. Gentien Tho-

  1. On trouve dans le Supplément (in-4°) au Nécrologe une imitation en vers français du Vale Mundo de Pallu ; mais je ne m’en servirai pas dans ce court passage :

    Ce ne sont qu’ennemis au dedans, au dehors :
    La fantaisie échappe et se rit des efforts ;
    La patrie est là-bas, qui se plaint qu’on l’oublie ;
    Les proches courroucés vous notent de folie.
    Le jeûne a réveillé l’estomac furieux :
    Il crie. Un lourd sommeil appesantit les yeux ;
    Nulle source de pleurs, en priant, ne s’élance ;
    Et la langue, à son tour, ne veut pas du silence.