Page:Sainte-Beuve - Port-Royal, t2, 1878.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
252
PORT-ROYAL.

qui donna nom à son fils, lui vint de sa femme. D’Andilly écrivit de bonne heure avec cette facilité d’honnête homme plus que d’homme du métier, qui souvent chez lui fut heureuse : «Ayant été marié (c’est lui qui parle) en 1613, le Roi fit l’année suivante le voyage de Bretagne, où le Conseil des finances suivit Sa Majesté, et M. de La Boderie demeura dans le Conseil resté à Paris. Quoique je n’eusse jamais alors fait de vers, mon affection pour M. de La Boderie me mit dans l’esprit d’écrire sa vie en vers. J’en fis en carrosse huit cents en huit jours, que je lui envoyai de Nantes ; et, dans le temps qu’il les reçut, il faisoit de son côté (sans que nous sussions rien du dessein l’un de l’autre) sa vie en vers, pour me l’envoyer. J’ai encore, écrit de sa main, ce qu’il en avoit fait, et qui montre jusqu’à quel point il auroit excellé dans la poésie, s’il eût continué à s’y exercer, comme il avoit commencé en sa jeunesse, en même temps que le cardinal Du Perron, son intime ami… »

Huit cents vers en carrosse ! Ces poètes-amateurs du lendemain du seizième siècle, et pour qui Malherbe n’était pas encore venu, n’y allaient pas de main morte. À la fin de Louis XIV on était plus sobre, on s’en tenait au quatrain.

Cet oncle intendant voulait donner à M. d’Andilly sa charge, quand il mourut subitement en octobre 1617. M. de Luines, alors tout-puissant, et qui était je ne sais pourquoi opposé à d’Andilly, leurra celui-ci de promesses. En racontant cette mauvaise volonté du Connétable à son égard, l’auteur des Mémoires a grand soin de ne pas oublier l’affection, au contraire si obligeante, dont M. de Luines fils (et l’un des amis de Port-Royal) l’honore.

En août 1620, accompagnant la Cour dans le Midi,

    de mérites et de services, un travail animé et affectueux du comte de La Ferrière-Percy : Les La Boderie, Étude sur une famille normande, 1857.