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XVII


M. de Saci. — Son enfance. — Ses premiers vers. — Différences avec Arnauld. — Genre de beauté ; trait distinctif. — Direction toute fondée et appuyée à l’Écriture-Sainte. — Finesse et grâce. — Sa seule erreur, les Enluminures. — Retranchement et sobriété. — Méthode d’esprit et sourire.


M. de Saci directeur et confesseur, c’est une bien grande et bien capitale autorité dans Port-Royal ; c’est (le génie d’invention et de fondation à part, qui faisait le propre de M. de Saint-Cyran) le plus essentiel, le plus considérable de ses successeurs dans le cadre juste et dans les limites de la chose posée. Rien, absolument rien ne dépasse, et il remplit, pour ainsi parler, tout ce cadre sans marge, avec sa figure longue, froide, fine, humble, stricte, docte et prudente. Il avait coutume de dire que, s’il avait eu à choisir un siècle pour y naître, il n’en aurait pas choisi d’autre que le sien ; entendez par siècle ce voisinage du cloître et cette libre agrégation de pénitents : il y tient exactement en effet comme dans son lieu.

Pascal, on le sait, dépasse, déborde à tout moment par la pensée ; Arnauld s’emporte en controverses et en bouillonnements ; d’autres ont leurs défaillances. M. de