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PORT-ROYAL.

les saints, cette figure tient assez la même place (pittoresquement parlant) que celle de Guillaume d’Orange parmi les politiques et les héros.

Un coin plus doux pourtant, ne l’oublions pas, et comme un filet d’agrément par-delà la première roideur ! mais il faut être très-acclimaté déjà au ton sombre et à la ligne austère pour le bien saisir.

Si l’on était à une époque de statuaire, je dirais que M. de Saci est dans la nef et sous les arcades de Port-Royal comme une juste statue dans sa gaine.

Après de tels hommes, après les Saint-Cyran, les Le Maître et les Saci, quand nous abordons Pascal, nous sommes disposés à mieux voir les proportions, à ne pas nous étonner tout d’abord, quelque supériorité qui nous apparaisse ; à mesurer le côté glorieux du génie, sans accorder plus qu’il ne faut à cette gloire ; à admirer le relief, mais surtout en raison du fond qui nous est connu. En un mot, nous sommes tout à fait bien et dûment préparés.


FIN DU DEUXIEME LIVRE,

    Racine, par exemple. La Bible et l’Académie ! M. de Saci s’émouvait moins ; les railleries sur lui ne mordaient pas, et il semblait très-peu souple à cet endroit de l’écrivain, probablement par cette habitude de ne pas dévier et de laisser dire, et parce qu’aussi, tenant moins à ses phrases, il aimait mieux les abandonner à elles-mêmes comme elles étaient une fois. La critique littéraire proprement dite n’a donc ici aucune prise. — (Voir à l’Appendice les mésaventures du Père Bouhours pour sa traduction du Nouveau-Testament : il n’eut pas de quoi se vanter ; il y a en toute chose le revers de la médaille.)