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tuler : De la faiblesse de l’esprit humain, au moment du plus grand talent, dans les grands hommes[1].

15 novembre 1836.




Cette suite d’articles sur La Mennais exprime et accuse plus nettement qu’aucune autre l’espèce de difficulté où je me suis trouvé plus d’une fois engagé vis-à-vis de mes modèles contemporains. Je m’étais mis à leur appliquer tout d’abord une forme de critique singulièrement délicate et chatouilleuse ; je me faisais l’introducteur, l’interprète et jusqu’à un certain point le panégyriste de grands écrivains qui allaient se modifiant eux-mêmes pendant que je les peignais, et qui, souvent, par leur prompte métamorphose, déjouaient mes louanges les plus sincères et les plus méritées. — Je dirai tout de suite que pour avoir sous les yeux tout ce que j’ai écrit ex professo sur La Mennais, il faudrait y joindre l’article sur la Correspondance publiée par M. Forgues au tome I des Nouveaux Lundis, et les articles sur la Correspondance publiée par M. Blaize insérés dans le Moniteur des 7, 14 et 15 septembre 1868, et qui feront partie du tome XI de ces mêmes Nouveaux Lundis : on aurait ainsi tout l’ensemble

  1. Grand homme, en cette prose un peu flottante encore du xviie siècle, c’est-à-dire grand esprit, grand écrivain. — M. de Cazalès, qui faisait en cette année 1836 un cours à l’Université de Louvain, m’écrivait, à l’occasion de cet article sur les Affaires de Rome, qu’il en avait été fort content : « Vous avez dit tout ce qu’il y a de bon à dire aux lecteurs auxquels vous vous adressez et du point de vue où vous vous êtes placé pour vos diverses études littéraires. Vous avez jeté çà et là des traits excellents et d’utiles moralités. Laissez-moi vous répéter la phrase de je ne sais quel satrape persan à je ne sais quel héros grec : Cum talis sus, utinam noster esses ! »