aisément à l’esprit horatien de ses amis, qu’il pourrait croire par là-dessus à l’immortalité des beaux vers. Tout le monde y gagnerait[1].
Et puis, quels que soient l’avenir et le prix, est-ce qu’en art comme en morale il ne faut pas faire de son mieux ? Ce n’est pas même une comparaison que j’établis là, c’est une identité que j’exprime : l’art, pour l’artiste, fait partie de sa conscience et de sa morale.
Les réflexions abondent, et je parlerai comme Job, dans l’amertume de mon cœur : cette négligence, cette prodigalité des beaux vers jetés sans aucun soin ni respect est-elle donc de la vraie humilité ? et quelle est, je vous le demande, la vraie charité, ou celle qui jette-
- ↑ Tout le monde n’y gagnait-il pas, lorsque dans de beaux vers de son Épître à Barthélemy, qu’il a depuis changés en les réimprimant, il s’écriait :
Car je sais que le temps est fidèle au génie,
Et mon cœur croit à l’avenir !
Tout n’était-il pas au mieux, lorsqu’aux années des divines amours, dans la plus mélodieuse élégie, il ravissait par des promesses bien d’accord avec de tels accents :
Heureuse la beauté que le poëte adore !
Heureux le nom qu’il a chanté !
Toi qu’en secret son culte honore,
Tu peux, tu peux mourir ! dans la postérité
Il lègue à ce qu’il aime une éternelle vie ;
Et l’amante et l’amant, sur l’aile du génie,
Montent d’un vol égal à l’immortalité !…
Et toute cette fin idéale et passionnée qui éclate par cette note suprême :
Mais les siècles auront passé sur ta poussière,
Elvire, et tu vivras toujours !