Page:Sainte-Beuve - Portraits contemporains, t1, 1869.djvu/478

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

GEORGE SAND.

— Indiana, 1832[1]. —

On peut parler d’Indiana, quoiqu’il y ait déjà un certain nombre de semaines que le livre ait produit son effet et qu’il ait recueilli presque partout en abondance son contingent d’articles et d’éloges, son nombre d’acheteurs et de lecteurs, en un mot tout ce qui constitue la vogue. Indiana n’est pas seulement un livre de vogue ; son succès n’est pas en grande partie dû à une surprise longtemps ménagée, à une complaisante duperie du public, à l’appât d’un nom gonflé de faveur, aux amorces habiles d’un titre bizarre ou mystérieux, promené, six mois à l’avance, de l’élégant catalogue en vélin aux couvertures beurre frais des nouveaux chefs-d’œuvre : la veille du jour où Indiana a paru, personne ne s’en inquiétait par le monde ; d’insinuantes annonces n’avaient pas encore prévenu les amateurs

  1. En attendant que nous nous hasardions à embrasser et à apprécier dans leur ensemble les œuvres de l’auteur, ce que nous espérons faire un jour, nous reproduisons ces impressions premières et successives que nous avons reçues de son talent. (1836.) — Ce projet d’un travail d’ensemble sur George Sand est resté à l’état de désir.