Je voyage avec eux dans leurs cercles immenses ;
Comme eux, astre, soudain je m’entoure de feux.
Dans l’éternel concert je me place avec eux ;
En moi leurs doubles lois agissent et respirent ;
Je sens tendre vers eux mon globe qu’ils attirent :
Sur moi qui les attire ils pèsent à leur tour.
« Lamartine, assure-t-on, aime peu et n’estime guère André Chénier : cela se conçoit. André Chénier, s’il vivait, devrait comprendre bien mieux Lamartine qu’il n’est compris de lui. La poésie d’André Chénier n’a point de religion ni de mysticisme ; c’est, en quelque sorte, le paysage dont Lamartine a fait le ciel, paysage d’une infinie variété et d’une immortelle jeunesse, avec ses forêts verdoyantes, ses blés, ses vignes, ses monts, ses prairies et ses fleuves ; mais le ciel est au-dessus, avec son azur qui change à chaque heure du jour, avec ses horizons indécis, ses ondoyantes lueurs du matin et du soir, et la nuit, avec ses fleurs d’or, dont le lis est jaloux. Il est vrai que du milieu du paysage, tout en s’y promenant ou couché à la renverse sur le gazon, on jouit du ciel et de ses merveilleuses beautés, tandis que l’œil humain, du haut des nuages, l’œil d’Élie sur son