parer tel, sous la menace du supplice. Soit dédain pour ces circonstances, soit difficulté de les exprimer en vers, Racine les a négligées dans le récit de Burrhus : il se borne à rendre l’effet moral de l’empoisonnement sur les spectateurs, et il y réussit ; mais on doit avouer que même sur ce point il a rabattu de la brièveté incisive, de la concision éclatante de Tacite. Trop souvent, lorsqu’il traduit Tacite comme lorsqu’il traduit la Bible, Racine se fraie une route entre les qualités extrêmes des originaux, et garde prudemment le milieu de la chaussée, sans approcher des bords d’où l’on voit le précipice. Nous préciserons tout-à-l’heure le fait pour ce qui concerne la Bible ; nous n’en citerons qu’un exemple relativement à Tacite. Agrippine, dans sa belle invective contre Néron, s’écrie que d’un côté l’on entendra la fille de Germanicus, et de l’autre le fils d’Aenobarbus.
Appuyé de Sénèque et du tribun Burrhus,
Qui, tous deux de l’exil rappelés par moi-même,
Partagent à mes yeux l’autorité suprême.
Britannicus, Phèdre, Athalie, tragédie romaine, grecque et biblique, ce sont là les trois grands titres dramatiques de Racine et sous lesquels viennent se ranger ses autres chefs-d’œuvre. Nous nous sommes déjà expliqué sur notre admiration pour Phèdre ; pourtant, on ne peut se le dissimuler aujourd’hui, cette pièce est encore moins dans les mœurs grecques