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M.  JOUBERT[1]


Bien que les Pensées de l’homme remarquable, dont le nom apparaît dans la critique pour la première fois, ne soient imprimées que pour l’œil de l’amitié, et non publiées ni mises en vente, elles sont destinées, ce me semble, à voir tellement s’élargir le cercle des amis, que le public finira par y entrer. Parlons donc de ce volume que solennise d’abord au frontispice le nom de M. de Chateaubriand éditeur, parlons-en comme s’il était déjà public : trop heureux si nous hâtions ce moment et si nous provoquions une seconde édition accessible à la juste curiosité de tous lecteurs !

Et qu’est-ce donc que M. Joubert ? Quel est cet inconnu tout d’un coup ressuscité et dévoilé par l’amitié, quatorze ans après sa mort ? Qu’a-t-il fait ? Quel a été son rôle ? A-t-il eu un rôle ? – La réponse à ces diverses questions tient peut-être à des considérations littéraires plus générales qu’on ne croit.

M. Joubert a été l’ami le plus intime de M. de Fontanes et aussi de M. de Chateaubriand. Il avait de l’un et de l’autre ; nous le trouvons un lien de plus entre eux : il achève le

  1. Recueil des Pensées de M. Joubert, 1 vol. in-8, Paris, 1838. Imprimerie de Le Normant, rue de Seine, 8.--M. Paul Raynal, neveu de M. Joubert, a depuis publié (1842), en deux volumes et avec un soin tout à fait pieux, les Pensées plus complètes, plus correctes, et un choix de lettres de son oncle. Je laisse subsister mon premier jugement, que chacun désormais peut achever et contrôler.