Page:Sainte-Beuve - Portraits littéraires, t3, nouv. éd.djvu/178

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(D). Le nom de Grèce se mariait volontiers à celui d’Aïssé dans l’esprit des contemporains. Lorsque l’abbé Prevost publia l’Histoire d’une Grecque moderne, assez agréable roman où l’on voit une jeune Grecque, d’abord vouée au sérail, puis rachetée par un seigneur français qui en veut faire sa maîtresse, résister à l’amour de son libérateur, et n’être peut-être pas aussi insensible pour un autre que lui, on crut qu’il avait songé à notre héroïne. Mme de Staal (De Launay) écrivait à M. d’Héricourt : « J’ai commencé la Grecque à cause de ce que vous m’en dites : on croit en effet que Mlle Aïssé en a donné l’idée ; mais cela est bien brodé, car elle n’avait que trois ou quatre ans quand on l’amena en France. » Enfin, voici des vers du temps sur mademoiselle Aïssé, à ce même titre de Grecque :

Aïssé de la Grèce épuisa la beauté :
AïsséElle a de la France emprunté
Les charmes de l’esprit, de l’air et du langage.
AïsséPour le cœur je n’y comprends rien :
AïsséDans quel lieu s’est-elle adressée ?
AïsséIl n’en est plus comme le sien
AïsséDepuis l’Age d’or ou l’Astrée.

Ces vers sont placés à la fin des Lettres de Mlle Aïssé, dans la première édition de 1787. On les retrouve en deux endroits de la nouvelle édition corrigée et augmentée du portrait de l’auteur (Lausanne, J. Mourer ; et Paris, La Grange, 1788) : d’abord au bas du portrait, puis à la fin du volume. Ici l’intitulé est : Envoi à mademoiselle Aïssé, par M. le professeur Vernet, de Genève.


(E). « Haut et puissant seigneur, messire Charles de Ferriol, baron d’Argental, conseiller du Roi en tous ses conseils, ci-devant ambassadeur extraordinaire à la Porte Ottomane, âgé d’environ 75 ans, décédé hier en son hôtel, rue Neuve-Saint-Augustin, en cette paroisse, a été inhumé en la cave de la chapelle de sa famille, en cette église, présens Antoine de Ferriol de Pont-de-Veyle, écuyer, conseiller, lecteur de