Pauvre fille ; ce n’est qu’une courte idylle, et voilà qu’entre toutes les œuvres du poëte elle a eu la meilleure part des honneurs de la séance. Martial, s’adressant à un de ses amis qui préférait les grands poëmes aux petites pièces, lui disait : « Non, crois-moi, Flaccus, tu ne sais pas bien ce que c’est que des épigrammes[1], si tu penses que ce ne sont que jeux et badinages. Est-il plus sérieux, je te le demande, ne se joue-t-il pas bien davantage, celui qui vient me décrire le festin du cruel Térée ou la crudité de ton horrible mets, ô Thyeste ?… Nos petites pièces, au moins, sont exemptes de toute ampoule ; notre muse ne se renfle pas sous les plis exagérés d’une creuse draperie. – Mais, diras-tu, ce sont pourtant ces grands poëmes qui font honneur dans le monde, qui vous valent de la considération, qui vous classent. – Oui, j’en conviens, on les cite, on les loue sur parole, mais on lit les autres :
Le fait est que M. Soumet a eu plus d’une manière : la première atteignit son plein développement dans Saül et dans Clytemnestre ; la seconde, de plus en plus vaste et qui
- ↑ Prenez épigrammes, non dans le sens particulier de Martial, mais dans le sens plus général de petites pièces, y compris les idylles, comme les anciens l’entendaient d’ordinaire.