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XXXI

En critique, j’ai assez fait l’avocat, faisons maintenant le juge.

XXXII

Puisqu’il faut avoir des ennemis, tâchons d’en avoir qui nous fassent honneur : « L’envie et la médisance l’ont déjà attaqué ; il a eu les faux esprits pour ennemis, c’est une bonne marque. » Lord Bolingbroke a écrit cela de l’abbé Alari ; tâchons qu’on le puisse dire de nous.

XXXIII

Ce serait encore une gloire, dans cette grande confusion de la société qui commence, d’avoir été les derniers des délicats. – Soyons les derniers de notre ordre, de notre ordre d’esprits.

XXXIV

Il faut du loisir pour l’agrément de la vie ; les esprits qui ont toute leur charge ne sauraient avoir de douceur.

XXXV

J’avais une manière ; je m’étais fait à écrire dans un certain tour, à caresser et à raffiner ma pensée ; je m’y complaisais. La Nécessité, cette grande muse, m’a forcé brusquement d’en changer : cette Nécessité qui, dans les grands moments, fait que le muet parle et que le bègue articule, m’a forcé, en un instant, d’en venir à une expression nette, claire, rapide, de parler à tout le monde et la langue de tout le monde : je l’en remercie.

FIN DU TOME TROISIÈME