De toutes pars lors despouillé je fuz,
Mays deffendre n’y servit ne reffuz ;
Et la manche de moy tant estimée
Par lourde main fut toute despecée.
Las ! quel regret en mon cueur fut bouté !
On se rappelle involontairement la belle lettre, de dix ans antérieure, que le roi écrivait à sa mère au lendemain de Marignan, et dans laquelle respire l’ardeur de la mêlée. La teneur en est simple et toute militaire ; les traits mâles, énergiques, rapides, y naissent du récit :
« Et tout bien débattu, depuis deux mille ans en ça n’a point été vue une si fière ni si cruelle bataille, ainsi que disent ceux de Ravennes, que ce ne fut au prix qu’un tiercelet. Madame, le sénéchal d’Armagnac avec son artillerie ose bien dire qu’il a été cause en partie du gain de la bataille, car jamais homme n’en servit mieux… Le prince de Talmond est fort blessé, et vous veux encore assurer que mon frère le connétable et M. de Saint-Pol ont aussi bien rompu bois que gentilshommes de la compagnie, quels qu’ils soient ; et de ce j’en parle comme celui qui l’a vu, car ils ne s’épargnoient non plus que sangliers échauffés. »
- ↑ Collection des Documents historiques.