Page:Sainte-Marthe - La poésie françoise de Charles de Saincte-Marthe, 1540.pdf/180

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En lisant donc iceluy tant bon Livre,
Estre te fault d'affection delibvre,
Premierement qu'en puisses rien juger.
Puis, si tu veulx de visiteur user,
Changer, oster, racoustrer et reffaire,
Pense, davant que jugement y faire,
Si tu seras suffisant repreneur,
Que ne sois dict, un fol entrepreneur.
Pense qui est l'ouvrier de cest Ouvraige,
Et que par Art, Doctrine, et long usaige,
Mieulx qu'aultre, peut juger en Vérité,
Et d'Escripvant gaigner auctorité.
Pense oultre plus, du Livre la substance,
Et le proffit que son Auteur t'advance,
En y penseant, en gré tu le prendas,
Et le prenant, plus docte deviendras.
Car il te sert de perfaict exemplaire,
Non seulement en ta Langue vulgaire,
Pour bien parler ou escrire, (combien
Que celà seul, te soit nompareil bien)
Mais avec ce, y trouveras doctrine,
Pour plus à plain entendre la Latine.

Que te sert il, Langue estrange tourner,

Si la tournant tu ne la scays orner?
Puis, que te vault une telle ornature,
Si ne la scays exprimer d'escripture?

Pourras tu bien escripre dignement,