Page:Sainte-Marthe - La poésie françoise de Charles de Saincte-Marthe, 1540.pdf/183

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Pour l'dvancer, et poulser en avant,
En luy gardant le los, qu'avoit davant.

Ne veux tu donq',ò François, y entendre?

Ne veulx tu donc virilement contendre,
Contre quelcuns Barbares estrangiers,
Qui les Françoys disent estre legiers?
et avoir oultre, avec la legierté,
Un babil, plain de trop grande fierté,
D'où prennent ilz d'ainsi parler audace?
C'est seulement, de la maulvaise grace
Que nous avons, des nostres depriser,

Et (sans propos) les aultres tant priser.
Qu'à l'Italie, ou toute l'Allemaigne,

La Grece, Escoce, Angleterre, ou Hespaigne,
Plus que la France ? est ce point de tous bien?
Est ce, qu'ils ont aux Arts plus de moyens?
Ou leurs Esprits plus aiguz que les nostres?
Ou bien qu'ils sont plus scavants que nous aultres?
Tant s'en faudrà que leur veuillons cedder,

Que nous dirons plus tost, les excedder,
Un seul cas ont (et celà nous fait honte)

C'est, que des leurs ilz tiennent un grand compte,
Et par Amour sont ensemble conjoincts,
Mais nous Françoys (au contraire) disjoincts,
Car nous avons à escrire invectives
Pour nous picquer, nos plumes tant hastives.

Soubdain prenons l'un à l'autre amytié.