Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/13

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AVIS DES ÉDITEURS.

La composition de ce volume n’est pas arbitraire. Entre Tite-Live, qui conduit l’histoire de la république jusqu’aux guerres de Persée, et Tacite, l’historien de l’empire, se placent, dans l’ordre chronologique des faits, Salluste, qui nous raconte deux des plus grandes épisodes des derniers. temps de la république ; César, dont les mémoires sont toute l’histoire de Rome jusqu’à sa mort ; Florus, qui s’étend, dans la dernière partie de son abrégé, sur les guerres du triumvirat et sur le règne d’Auguste ; Velléius Paterculus, qui nous montre les commencements de Tibère et nous mène jusqu’aux Annales de Tacite. Salluste, César, Velléius, Florus, servent donc d’intermédiaires entre l’historien de Rome républicaine et l’historien de la Rome des Césars. Ces six auteurs, ainsi classes, offrent un ensemble majestueux, malgré des mutilations à jamais regrettables.

Nous avons cru devoir l’aire précéder la traduction de Salluste d’un morceau excellent et trop peu lu : c’est la vie de Salluste par le président de Brosses. Ce travail plein de sens, d’une érudition à la fois sure et piquante, d’un style dont les rares incorrections sont plus que compensées par la grâce et la facilité du tour, n’est pas seulement une histoire de Salluste, c’est un précieux abrégé de l’histoire de son temps. Les faits que raconte le président de Brosses, et qu’il a puisés aux meilleures sources, expliquent mieux que l’analyse la plus ingénieuse l’esprit de Salluste et le caractère de son talent, et cette histoire de sa vie est le portrait le plus fidèle et le plus vivant de ce grand esprit.

Le texte dont nous nous sommes servis est, à deux ou trois leçons près, celui que M. Burnouf a éclairci et en quelque sorte fixé dans sa belle édition de Salluste, ouvrage plein de savoir, de sagacité et de sens, l’un des plus précieux monuments de la philologie française.

Quelques éditions récentes de Salluste, outre le Catilina et le Jugurtha, les discours et les les lettres qui faisaient partie de la grande Histoire, et les deux lettres de Salluste à César, contiennent des lambeaux de phrases mutilés, recueillis par les grammairiens, des citations extraites d’autres auteurs, des mots, des débris de mots ayant appartenu à cette histoire, dont on ne peut trop déplorer la perte. Nous n’avons pas cru devoir reproduire ces informes restes, dont le plus grand nombre n’a pas de sens, et dont nous retrouverons la partie la mieux conservée dans les citations mêmes des auteurs qui avaient pu lire ce beau monument. Les coudre sans lien et sans suite possible aux ouvrages heureusement intacts de Salluste, c’eût été, d’une