Page:Salluste, Dotteville - Traduction de Salluste.djvu/48

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’abord insensibles, quelquefois même on les réprimoit. Mais, lorsque semblables à un mal contagieux, ils eurent pénétré par-tout, la Ville changea de face, & le Gouvernement, autrefois le plus doux & le meilleur, devint cruel & intolérable.

XI

L’ambition séduisit d’abord plus de personnes que l’avarice. Quoiqu’elle soit un vice, elle tient de plus près à la Vertu. Car ceux qui ont du mérite, comme ceux qui n’en ont pas, souhaitent également les honneurs, la gloire & les dignités. Mais les uns y tendent par les voies légitimes, & les autres, manquant de l’appui des vrais talents, y substituent la fraude & l’artifice. L’avarice, au contraire, n’a pour but que les richesses ; jamais le sage n’en fit l’objet de ses vœux. Pleine d’un venin pernicieux, elle énerve le corps & l’esprit le plus mâle ; toujours insatiable & sans bornes, elle ne s’éteint ni par l’abondance, ni par la disette. Quand Sylla, après avoir délivré la République par ses