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Page:Salluste, Dotteville - Traduction de Salluste.djvu/52

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jouer des richesses que de se hâter d’épuiser par de honteuses profusions, des fonds dont on pourroit faire un noble usage ? L’impudicité & toutes les especes de débauches ne furent pas portées à de moindres excès. Les deux sexes se disputerent à l’envi à qui commettroit les crimes les plus inouis [1]. On mit les terres & les mers à contribution, pour fournir aux plaisirs de la table. On se livta au sommeil avant que la nature en inspirât le desir. On n’attendit ni la faim, ni la soif, ni le froid, ni la lassitude. La mollesse faisoit prévenir tous les besoins. Voilà ce qui entraînoit les jeunes gens dans le crime, quand leurs biens étoient épuisés. Leur cœur, accoutumé à la jouissance des plaisirs, n’en pouvoit plus supporter la privation : de-là cette ardeur insatiable à tout employer pour acquérir & pour dépenser.

  1. Un traducteur doit être fidele à rendre le sens de son Auteur ; mais il est quelquefois d’autres devoirs qui l’emportent sur celui-là.