Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/247

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de tous côtés des marchands, César n’en put rien apprendre ni sur l’étendue de l’île, ni sur la nature et le nombre des nations qui l’habitaient, ni sur leur manière de faire la guerre, ni sur ceux des ports qui étaient les plus propres à recevoir beaucoup de grands vaisseaux.

XXI. Pour acquérir ces connaissances avant de s’engager dans l’expédition, il envoie, avec une galère, C. Volusénus, qu’il jugeait propre à cette mission. Il lui recommande de revenir au plus tôt dès qu’il aurait tout vu. Lui-même, avec toutes les troupes, part pour le pays des Morins, d’où le trajet en Bretagne est très court. Il y rassemble tous les vaisseaux qu’il peut tirer des régions voisines et la flotte qu’il avait construite l’été précédent pour la guerre des Vénètes. Cependant, instruits de son projet par les rapports des marchands, les Bretons envoient à César des députés de plusieurs cités, qui promettent de livrer des otages et de se soumettre à l’empire du peuple romain. Après les avoir entendus, César leur fait de bienveillantes promesses, les exhorte à persévérer dans ces sentiments, et enfin les renvoie, accompagnés de Commios qu’il avait lui-même, après ses victoires sur les Atrébates[1], fait roi de cette nation, homme dont le courage et la prudence lui étaient connus, qu’il pensait lui être dévoué, et qui avait un grand crédit en Bretagne. Il lui ordonne de visiter le plus grand nombre possible de nations, de les exhorter à se remettre sous la foi du peuple romain, et de leur annoncer sa prochaine arrivée chez elles. Volusénus ayant inspecté la contrée, autant que pouvait le faire un homme qui n’osait sortir de son vaisseau ni se fier aux barbares, revient le cinquième jour auprès de César, et lui rend un compte détaillé de ses observations.

XXII. Tandis que César était retenu dans ces lieux pour y rassembler la flotte, les députés d’une grande partie des peuples Morins vinrent le trouver, pour s’excuser de leur conduite passée, rejetant sur leur qualité d’étrangers et sur leur ignorance de nos coutumes, le tort d’avoir fait la guerre au peuple romain, et promettant de faire ce qu’il leur commanderait. César trouva que ces soumissions survenaient assez à propos : il ne voulait point laisser d’ennemi derrière lui ; la saison était trop avancée pour qu’il pût entreprendre cette guerre, et il ne croyait pas d’ailleurs que ces petits intérêts dussent être préférés à son entreprise contre la Bretagne. Il exigea donc un grand nombre d’otages. On les lui amena, et il reçut la soumission de ce peuple. Ayant fait venir et rassemblé quatre-vingts vaisseaux de charge, nombre qu’il jugea suffisant pour le transport de deux légions, il distribua tout ce qu’il avait de galères à son questeur, à ses lieutenants et aux préfets. Il avait de plus dix-huit vaisseaux de charge, que le vent retenait à huit milles de cet endroit, et empêchait d’aborder au même port. Il les destina à sa cavalerie et envoya le reste de l’armée, sous le commandement de Q. Titurius Sabinus et L. Aurunculéius Cotta, ses lieutenants, chez les Ménapes et sur

  1. Peuple de l’Artois.