Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/251

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qu’une partie des Bretons restait dans les campagnes, et que d’autres venaient librement dans le camp. Les soldats en faction aux portes du camp annoncent à César qu’une poussière plus épaisse que de coutume s’élevait du côté où la légion s’était dirigée. César, soupçonnant, ce que c’était, quelque nouvelle entreprise de la part des barbares, prend avec lui les cohortes de garde, les fait remplacer dans leur poste par deux autres, et ordonne au reste des troupes de s’armer et de le suivre aussitôt. Quand il se fut avancé à peu de distance du camp, il vit les siens pressés par l’ennemi, résistant avec peine, la légion serrée, en butte à une grêle de traits. Car tout le grain ayant été moissonné dans les autres endroits, et un seul étant resté intact, les ennemis présumant que nous y viendrions, s’étaient cachés la nuit dans les bois. Alors fondant subitement sur nos soldats dispersés, désarmés, occupés à couper le grain, ils en avaient tué quelques-uns, troublé les autres dans leurs rangs mal formés, et les avaient enveloppés à la fois de leur cavalerie et de leurs chariots.

XXXIII. Voici leur manière de combattre avec ces chariots. D’abord ils les font courir sur tous les points en lançant des traits ; et, par la seule crainte qu’inspirent les chevaux et le bruit des roues, ils parviennent souvent à rompre les rangs. Quand ils ont pénétré dans les escadrons, ils sautent à bas de leurs chariots et combattent à pied. Les conducteurs se retirent peu à peu de la mêlée, et placent les chars de telle façon que si les combattants sont pressés par le nombre, ils puissent aisément se replier sur eux. C’est ainsi qu’ils réunissent dans les combats l’agilité du cavalier à la fermeté du fantassin ; et tel est l’effet de l’habitude et de leurs exercices journaliers, que, dans les pentes les plus rapides, ils savent arrêter leurs chevaux au galop, les modérer et les détourner aussitôt, courir sur le timon, se tenir ferme sur le joug, et delà s’élancer précipitamment dans leurs chars.

XXXIV. Ce nouveau genre de combat avait jeté le trouble parmi les nôtres, et César leur porta très à propos du secours ; car, à son approche, les ennemis s’arrêtèrent, et les Romains se remirent de leur frayeur. Malgré ce résultat, ne jugeant pas l’occasion favorable pour attaquer l’ennemi et engager un combat, il se tint dans cette position, et peu de temps après, il ramena les légions dans le camp. Cependant, nous voyant occupés ailleurs, ce qui restait de Bretons dans la campagne se retira. Il y eut depuis, pendant plusieurs jours de suite, du mauvais temps qui nous retint dans le camp et empêcha l’ennemi de nous attaquer. Dans cet intervalle, les barbares envoyèrent de tous côtés des messagers pour exposer aux leurs la faiblesse de nos troupes, et la facilité qui s’offrait de faire un riche butin et de recouvrer à jamais leur liberté, s’ils chassaient les Romains de leur camp. Dans cette vue, ils rassemblèrent bientôt une multitude de troupes à pied et à cheval, et marchèrent sur nous.

XXXV. César prévoyait bien qu’il en serait de ce combat comme de ceux des jours précédents, et que, s’il repoussait les ennemis, ils échapperaient aisément aux dangers de leur défaite. Cependant