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Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/302

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pays, et cita devant lui, à Décétia[1], tout le sénat et les deux prétendants. Presque toute la cité s’y rassembla ; il apprit de quelques personnes appelées en secret, que le frère avait proclamé son frère, dans un temps et dans un lieu contraires aux institutions ; les lois défendaient non seulement de créer magistrats, mais même d’admettre dans le sénat deux personnes de la même famille, du vivant de l’une ou de l’autre. César obligea donc Cotos de se démettre de sa magistrature, et ordonna que le pouvoir fût remis à Convictolitavis que, suivant l’usage de la cité, les prêtres avaient élu avec l’intervention des magistrats.

XXIV. Après cette décision, il engagea les Héduens à oublier leurs querelles et leurs dissensions, pour s’occuper uniquement de la guerre, assurés qu’ils étaient de recevoir, après la soumission de la Gaule, les récompenses qu’ils auraient méritées ; il les chargea de lui envoyer promptement toute leur cavalerie et dix mille fantassins, dont il ferait des détachements pour escorter ses convois. Divisant son armée en deux corps, il donne quatre légions à Labiénus pour aller chez les Sénons et les Parisii ; lui-même, à la tête de six autres légions, il s’avance vers Gergovie[2], le long de la rivière d’Allier. Il avait donné à Labiénus une partie de la cavalerie, et gardé le reste avec lui. À la nouvelle de la marche de César, Vercingétorix fit aussitôt rompre tous les ponts de la rivière, et remonta l’Allier sur la rive gauche.

XXXV. Les deux armées étaient en présence, les camps presque en face l’un de l’autre ; et les éclaireurs disposés par l’ennemi empêchaient les Romains de construire un pont et de faire passer les troupes. Cette position devenait très embarrassante pour César, qui craignait d’être arrêté une partie de l’été par la rivière, l’Allier n’étant presque jamais guéable avant l’automne. Pour y obvier, il campa dans un lieu couvert de bois, vis-à-vis de l’un des ponts que Vercingétorix avait fait détruire ; et s’y tenant caché le lendemain avec deux légions, il fit partir le reste des troupes avec tous les bagages, dans l’ordre accoutumé, en retenant quelques cohortes ; pour que le nombre des légions parût au complet. Il ordonna de faire la plus longue marche possible, et quand il put supposer, d’après le temps écoulé, que l’armée était arrivée au lieu du campement, il se mit à rétablir le pont sur les anciens pilotis, dont la partie inférieure était restée intacte. L’ouvrage fut bientôt achevé : César fit passer les légions, prit une position avantageuse, et rappela les autres troupes. À cette nouvelle, Vercingétorix, pour n’être pas forcé de combattre malgré lui, se porta en avant à grandes journées.

XXXVI. De là César parvint en cinq marches à Gergovie ; et le même jour, après une légère escarmouche de cavalerie, il reconnut la position de la ville, qui était assise sur une montagne élevée et d’un accès partout très difficile ; il désespéra de l’enlever de force, et ne voulut s’occuper de ce siège qu’après avoir assuré ses vivres. De

  1. Aujourd’hui Décize, dans le Nivernais.
  2. Des Avernes.