Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/401

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sans avoir fait d’autre perte que celle de Fabius. Les ennemis eurent environ six cents morts et mille blessés, lesquels, avec plusieurs autres qui feignaient de l’avoir été, profitant du départ de Curion, quittèrent le camp où ils étaient peu rassurés, et se retirèrent dans la ville. (6) Varus, témoin de ce fait et de la terreur qui s’était emparé de son armée, laissa dans le camp un trompette et quelques tentes pour tromper l’ennemi, et vers la troisième veille il fit rentrer sans bruit ses troupes dans la place.

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(1) Le lendemain Curion résolut d’assiéger Utique, et en commença la circonvallation. Il y avait dans la ville une multitude qu’une longue paix avait rendue inhabile aux armes ; les habitants, à qui César avait accordé quelques bienfaits, lui étaient fort attachés ; l’assemblée se composait d’éléments divers, et les combats précédents avaient répandu la terreur : (2) aussi tous parlaient ouvertement de se rendre, et ils priaient P. Attius de ne pas les perdre par son opiniâtreté. (3) Pendant que ces choses se passaient, il arriva des députés de Juba, lesquels annoncèrent la venue de ce roi avec de grandes forces, et engagèrent Varus à garder et à défendre la ville. À cette nouvelle, les esprits effrayés reprirent courage.

Approche des troupes de Juba. Curion lève le siège

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(1) Curion en avait reçu avis ; mais il fut quelque temps sans pouvoir y ajouter foi, tant était grande sa confiance ! (2) D’ailleurs, le bruit des succès que César avait eus en Espagne s’était déjà répandu en Afrique ; fier de ces avantages, Curion se persuadait que le roi n’oserait rien entreprendre contre lui. (3) Mais, quand il sut, par des rapports certains, que l’armée du roi n’était plus qu’à vingt-cinq milles d’Utique, il quitta ses retranchements et se retira dans le camp Cornélius. (4) Il y rassembla des vivres, y ajouta des fortifications, y fit transporter des matériaux, et envoya aussitôt en Sicile pour qu’on lui amenât les deux légions et le reste de la cavalerie. (5) Le poste qu’il occupait était on ne peut plus commode pour traîner la guerre en longueur ; il avait pour lui le terrain, les retranchements, le voisinage de la mer, de l’eau douce, et du sel que les salines des environs fournissaient en abondance. (6) Les arbres du pays auraient donné autant de bois qu’on en aurait voulu, et les champs regorgeaient de blé. En conséquence Curion résolut, de concert avec tous les siens, d’attendre le reste de ses troupes et de tirer la guerre en longueur.

Curion marche contre les Numides

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(1) Tout était ainsi réglé et convenu, lorsque des transfuges de la ville vinrent dire à Curion que Juba, retenu par la guerre qu’il avait contre quelques peuples voisins et par les différends des habitants de Leptis, n’était pas sorti de ses états ; mais que Saburra, son lieutenant, s’avançait vers Utique avec des forces peu considérables. (2) Se fiant témérairement à ces rapports, Curion change d’avis et se décide à livrer bataille. Tout l’invite à prendre ce parti, l’ardeur de sa jeunesse, la grandeur de son courage, ses