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Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/412

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par une grêle de traits partie de tous côtés. Vatinius en fut garanti par les boucliers de ses soldats ; mais plusieurs furent blessés, entre autres les centurions Cornélius Balbus, M. Plotius, L. Tiburtius, et quelques soldats. (8) "Cessez, dit alors Labiénus, de parler d’accommodement ; car pour nous il ne peut y avoir de paix que quand on nous apportera la tête de César.

En Italie, Célius provoque des troubles ; sa mort

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(1) Dans ce même temps, à Rome, le préteur M. Célius Rufus, ayant pris en main la cause des débiteurs, avait, dès son entrée en charge, établi son tribunal tout contre le siège de C. Trébonius, préteur de la ville, et promettait de soutenir quiconque en appellerait à lui de l’estimation et des paiements ordonnés par les arbitres que César avait institués avant son départ. (2) Mais, grâce à l’équité même du décret et à l’humanité de Trébonius, qui se conduisait, dans l’exécution, avec une modération et une douceur bien convenables aux circonstances, il ne se trouva personne qui eût la fantaisie de réclamer. (3) Car, se refuser à payer ce que l’on doit, en prétextant la pauvreté ou le malheur des temps, et les pertes qu’on a faites, et les difficultés de la vente, c’est déjà d’une âme petite ; mais quelle petitesse, ou mieux, quelle impudence n’y a-t-il pas à prétendre conserver ses propriétés tout en avouant ses dettes ? (4) Il n’y eut donc personne qui songeât à en appeler, et Célius fut désapprouvé par ceux-là mêmes dont il avait embrassé la cause. (5) Cependant il ne s’en tint pas là ; et, pour ne pas paraître reculer dans cette entreprise honteuse, il proposa une loi qui accordait aux débiteurs le sursis d’un an sans intérêts.

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(1) Comme le consul Servilius et les autres magistrats s’y opposaient, Célius, voyant que le succès ne répondait pas à son attente, et voulant se concilier les esprits, retira cette première loi, et, à la place, en proposa deux autres : l’une, qui exemptait les locataires du paiement du loyer de l’année ; (2) l’autre, qui prononçait l’abolition des dettes. En même temps, la multitude s’étant jetée sur C. Trébonius, l’arracha de son tribunal ; il y eut même plusieurs citoyens de blessés. (3) Le consul Servilius en fit son rapport au sénat, et le sénat déclara Célius incapable d’exercer aucun emploi public. En vertu de ce décret, le consul lui défendit l’entrée du sénat et le fit descendre de la tribune, d’où il voulait haranguer le peuple. (4) Alors, outré de honte et de dépit, il feignit publiquement de se rendre auprès de César ; mais en secret il dépêcha des messagers à Milon, qui avait été exilé pour avoir tué Clodius, l’appela en Italie, où il restait encore à Milon quelques-uns de ces gladiateurs qu’il avait employés dans les jeux donnés par lui, l’attacha à ses intérêts, et l’envoya en avant dans le Thurinum pour y soulever les pâtres. (5) Pour lui il alla à Casilinum ; mais on avait déjà saisi à Capoue ses enseignes et ses armes, sur les soupçons qu’avaient inspirés plusieurs de ses esclaves rassemblés à Naples ; et, comme on découvrit ses desseins, on lui ferma les portes de la ville. Voyant que Capoue avait pris les armes et se disposait à le traiter en ennemi, il eut peur, abandonna son projet, et prit une autre route.

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(1) Cependant Milon écrivait aux villes municipales, qu’il n’agissait que par le commandement