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Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/471

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aux dépens de la province, qu’il accabla des plus lourds impôts. Selon la coutume des prodigues, il se servait du prétexte spécieux de ses libéralités pour multiplier les demandes ; (2) on taxait les riches ; et non seulement Longinus souffrait qu’ils apportassent cet argent, mais même il les y obligeait. Les moindres sujets de mécontentement suffisaient contre ceux qui avaient de la fortune, et aucune espèce de gain, soit important et avouable, soit faible et secret, n’était négligé ni dans la maison, ni au tribunal de l’imperator. (3) Il n’y avait personne, ayant quelque chose à perdre, qui ne fût d’abord cité et puis convaincu. Ainsi, outre la crainte de se voir enlever son patrimoine, on avait celle, bien plus vive, des dangers personnels que l’on courait.

(1) Par ces motifs, il arriva que Longinus, se conduisant sous le titre d’imperator comme il s’était conduit sous celui de questeur, les peuples de la province conjurèrent une seconde fois contre lui. (2) Quelques-uns même de ses favoris entretenaient cette haine, car, quoiqu’ils eussent leur part dans ses pillages, ils n’en détestaient pas moins l’homme au nom duquel ils commettaient ces exactions, et ne se sachant gré qu’à eux-mêmes des rapines dont ils profitaient, ils se plaignaient de Cassius pour celles qu’ils manquaient ou qui étaient réclamées. (3) Il leva une cinquième légion ; la haine qu’on avait contre lui s’accrut par cette nouvelle levée et par la dépense qu’elle exigea. Il forma un corps de trois mille chevaux, ce qui augmenta de beaucoup les charges. Enfin il ne laissait à la province aucun repos.

Longinus se prépare à passer en Afrique

51

(1) Sur ces entrefaites il reçut des lettres de César, qui lui enjoignaient de passer en Afrique avec son armée et de se rendre par la Mauritanie sur la frontière de Numidie, à cause que le roi Juba avait envoyé de grands secours à Cn. Pompée et paraissait disposé à en envoyer de plus grands encore. (2) À la réception de ces lettres, il fut rempli d’une joie extraordinaire ; car elles lui offraient l’occasion de piller de nouvelles provinces et un royaume fort riche. (3) Il part donc pour la Lusitanie afin d’y rassembler ses légions et ses troupes auxiliaires. Cependant, pour que rien ne l’arrête à son retour, il charge des hommes sûrs de lui tenir prêts cent vaisseaux et des vivres, et de faire la répartition et la levée des impôts. Son retour fut plus prompt que l’on ne croyait ; (4) car ni la peine ni l’activité ne coûtaient à Cassius, surtout quand il souhaitait quelque chose.

Tentative de meurtre sur Longinus

52

(1) Quand il eut rassemblé son armée sur un seul point et assis son camp près de Cordoue, il déclara à ses soldats, dans une réunion, les ordres de César, leur promit à chacun cent sesterces quand il serait arrivé en Mauritanie, et ajouta que la cinquième légion resterait en Espagne. (2) Au sortir de l’assemblée il entra dans Cordoue ; et, le même jour, vers midi, comme il se rendait au palais, un certain Minucius Silon, client de L. Racilius, lui présenta une requête, comme eût fait un soldat demandant quelque grâce ; puis ayant passé derrière Racilius, qui marchait à côté de Cassius, comme pour attendre la réponse, il jugea le moment favorable, saisit Cassius de la main gauche, et de la droite lui donna deux coups de poignard. (3) Un