Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/478

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Pompée ; (2) ajoutant qu’il ne lui appartenait pas d’être le juge des différends qui s’élevaient parmi le peuple romain, et qu’il avait dû obéir aux autorités du moment.

(1) Sur cela, César lui rappela les nombreux services qu’il lui avait rendus et les décrets qu’il avait fait rendre en sa faveur lorsqu’il était consul : il lui dit avec reproches qu’aucun motif ne rendait son imprudence excusable ; car un homme si avisé et si habile n’avait pu ignorer qui était maître dans Rome et dans l’Italie, ni de quel côté était le sénat, le peuple romain, la république ; ni enfin qui avait été consul après L. Lentulus et C. Marcellus : que toutefois il voulait bien lui pardonner en considération de ses anciens services, d’une vieille hospitalité, de leur liaison, de sa dignité, de son âge, et des prières d’une foule d’hôtes et d’amis qui étaient accourus implorer sa grâce. Il ajouta qu il prendrait plus tard connaissance de la querelle qu’il avait avec les autres tétrarques. Ensuite il lui rendit les ornements royaux ; (2) mais en lui ordonnant d’amener celle de ses légions qu’il avait armée et disciplinée à la romaine, ainsi que toute sa cavalerie, dont il avait besoin pour la guerre.

César dans le Pont reçoit les envoyés de Pharnace

69

(1) Lorsque César fut arrivé dans le Pont, il assembla toutes ses troupes, qui étaient peu nombreuses et manquaient d’expérience, à l’exception de la sixième légion, composée de vétérans, qu’il avait amenée d’Alexandrie, mais qui était tellement affaiblie par les fatigues et les dangers, par ses courses sur terre et sur mer, et par de continuels combats, qu’à peine comptait-elle mille hommes. Le reste ne consistait qu’en trois légions : l’une, qui était celle de Déjotarus ; les deux autres, qui s’étaient trouvées à la bataille de Cn. Domitius contre Pharnace. (2) Des envoyés de ce roi vinrent trouver César, et le prièrent de ne pas entrer chez eux en ennemi, l’assurant que Pharnace était prêt à obéir aveuglément à ses ordres, (3) et lui représentant surtout qu’il n’avait jamais voulu donner aucun secours à Pompée contre lui, comme avait fait Déjotarus, à qui il avait pardonné.

70

(1) César répondit que Pharnace n’aurait pas à se plaindre de son équité s’il tenait ses promesses ; (2) mais il avertit les députés avec douceur, selon sa coutume, de ne pas lui opposer l’exemple de Déjotarus, et de ne pas trop se prévaloir de ce qu’ils n’avaient pas secouru Pompée ; (3) qu’il n’y avait rien à quoi il se prêtât plus volontiers qu’à pardonner aux suppliants ; mais que pour les torts faits aux peuples des provinces, il ne pouvait pas les excuser dans ceux-là même qui lui avaient rendu quelque service ; (4) que celui dont ils venaient de se vanter avait été plus utile à Pharnace, en lui épargnant une défaite, qu’à César, que les dieux immortels avaient rendu vainqueur. (5) Cependant il voulait bien pardonner à Pharnace les injures, les mauvais traitements qu’il s’était permis contre les citoyens romains qui commerçaient dans le Pont, puisque ces maux étaient irréparables ; (6) car Pharnace ne pouvait rendre la vie à ceux qu’il avait égorgés, ni la virilité à ceux qu’il avait mutilés, supplice plus affreux que la mort pour des citoyens