Page:Salluste, Jules César, C. Velléius Paterculus et A. Florus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/499

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ques collines assez hautes sur lesquelles on avait bâti anciennement des tours isolées et des postes d’observation, dont le dernier était occupé par Scipion.

XXXVIII. Lorsque César fut arrivé à cette chaîne de montagnes, il se mit à faire construire sur chaque colline des tours et des forts ; ce qui fut exécuté en moins d’une demi-heure. Mais quand il fut près de la dernière colline et de la tour la plus voisine du camp ennemi, où il y avait, comme j’ai dit, un poste de Numides, il s’arrêta un moment pour reconnaître le terrain, et ayant placé sa cavalerie de façon à couvrir ses travailleurs, il mit ses légions à l’ouvrage, et tira une ligne, à mi-côte, depuis l’endroit où il était arrivé jusqu’à celui d’où il était parti. Dès que Scipion et Labiénus s’en aperçurent, ils firent sortir de leur camp toute la cavalerie, la rangèrent en bataille, s’avancèrent environ à mille pas, et disposèrent leur infanterie sur une seconde ligne, à moins de quatre cents pas de leur camp.

XXXIX. Sans s’inquiéter de ce mouvement, César continua d’encourager ses soldats au travail. Mais quand il vit que les ennemis n’étaient plus qu’à quinze cents pas de ses retranchements, persuadé que leur but était de détourner et de chasser ses soldats de leurs travaux, et comprenant qu’il fallait retirer ses légions, il ordonna à un corps de cavalerie espagnole de marcher promptement à la hauteur voisine, d’en déloger l’ennemi et de s’y établir : il les fit soutenir par quelques hommes d’infanterie légère. Ces troupes, étant parties aussitôt, attaquent les Numides, les mettent en fuite, en blessent plusieurs, font quelques prisonniers, et s’emparent du poste. À cette vue, Labiénus, pour porter plus tôt secours à ses gens, détache presque toute sa cavalerie de son aile droite, et se hâte d’aller soutenir les fuyards. César, de son côté, voyant Labiénus éloigné de son corps de bataille, envoie la cavalerie de son aile gauche pour le couper.

XL. Il y avait dans la plaine où cette action se passait une grosse maison de campagne, flanquée de quatre tours, qui empêchait Labiénus de voir qu’il était coupé par la cavalerie de César. Aussi ne s’aperçut-il de l’arrivée de ces troupes que par le carnage des siens qu’elles avaient pris par derrière. La cavalerie numide en fut tellement effrayée qu’elle s’enfuit droit au camp. Les Gaulois et les Germains, qui avaient tenu bon, furent enveloppés de toutes parts, et périrent tous en se défendant vaillamment. Les légions de Scipion qui étaient rangées en bataille à la tête de son camp, voyant ce qui se passait, et aveuglées par la crainte et par la terreur, prirent la fuite et rentrèrent dans le camp par toutes les portes. César, maître de la plaine et des hauteurs d’où il venait de chasser Scipion, sonna la retraite et fit rentrer toute sa cavalerie. Sur tout ce terrain nettoyé d’ennemis, il put contempler les cadavres gigantesques de ces Gaulois et de ces Germains qui avaient suivi Labiénus, séduits, les uns par l’autorité de